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Jeu 10 Sep - 15:21
Partie I : Le blanc et le noir


L'asphalte écorchaient la peau nue de la plante de mes pieds tandis que je marchais à travers les ruelles sombres de Chicago. L'air frais ne faisait que me pousser à avancer plus vite tandis que la lueur maladive de la lune éclairait les cadavres de poubelles que je vidais de leur contenu en espérant y trouver de quoi me vêtir. Du haut de mes huit ans, je me sens déjà vieux, déjà responsable. Je dois trouver de quoi me nourrir, de quoi me protéger du froid, à la force de mes petits bras recouverts de marques blanches et noirs qui m'ont valu le courroux des badauds. Ce n'est pas une mince affaire, et j'y passe toutes mes journées, passant mes nuits à chercher un endroit sûr ou dormir. J'ai peur, continuellement, peur de ces personnes qui me refusent l'aumône mais me prendraient le peu que j'ai sans la moindre pitié, ceux qui me frappaient par simple plaisir ou sous l'effet de liqueurs, peur de ces monstres qui se tapissent dans les ombres, peur de l'Homme tout simplement, dans toute sa splendeur et son horreur, et je crains que cette terreur ne me soit jamais retirée. L'amour de parents aimants auraient pu soigner ce cœur brisé, si seulement j'en avais eu, mais j'étais né parmi les ordures, et irrémédiablement, je finis par en devenir une. Rien ne pourra me sauver, rien ne pourra me sortir de la fange. Je suis condamné à y vivre, condamné à y mourir.
Condamné.

Trois années s'écoulèrent, du moins je le supposais. Tous les jours se ressemblaient, aucun n'était différent, si ce n'était les jours passés sans manger ni boire et ceux ou je parvenais à trouver le sommeil, ceux où les alcooliques et les frustrés passaient ses nerfs sur l'enfant que j'étais. J'avais survécu jusqu'à un âge pubère, mais c'est en ce jour particulier que ma vie avait prit un tournant.
Je n'étais plus seul, le loup avait trouvé une meute, et il s'y complaisait. Qui aurait cru qu'un simple vol aurait pu m'être si bénéfique ? Aurais je croisé la route de Logan si nous ne traquions pas la même cible ? Et si Lelianna n'avait pas eu pitié de nous, nous aurait elle recueillit quelques temps ? Je ne le pensais pas, mais que ce fut le fruit du hasard ou du destin, cela m'importait guère, enfin quelque chose m'avait mit du baume au cœur, enfin les couleurs s'intensifièrent pour accompagner ma joie.
Pour la première fois de ma vie, je n'étais plus seul.

Qui peut dirent combien de temps nous vécurent ainsi, de vol et de cambriolages sans importance, qui pourtant nous valurent notre notoriété ? Je ne saurais le dire. Les violences n'avaient pas cessé, au point même que mes amis se refusaient à me laisser seul. Ils souhaitaient m'accompagner, tout le temps, j’appréciais le geste mais ils m'étouffaient un peu, c'est pourquoi je me promenais seul dans les rues de mon enfance, attendant patiemment la venue de l'aurore pour retrouver ceux qui étaient chers à mon cœur

Si j'avais su quelle erreur monumentale cela fut.

Quelle surprise que de croiser cet homme bedonnant et cette ferme en larmes, ce squelette noirâtre qui pénétrait en elle de la plus horrible des façons. Quelle ne fut mon horreur lorsque le cadavre recouvert de peau se tourna vers moi, complètement statique tandis que d'autres individus presque amorphes sortaient de l'ombre pour le rejoindre, et que l'auguste obèse souriait de toute ses dents. Que me voulaient ils ? Pourquoi se dirigeaient ils vers moi ? Je n'en savais rien, et lorque leur peau se déchira pour ne laisser place qu'à un orbe grotesque, je retins difficilement mon envie de vomir pour reculer de quelques pas. J'avais peur, tellement peur … sauvez moi.
Par pitié …
Et Dieu entendit mon appel, son courroux divin s'abattit sur les démons pour protéger l'infidèle, comme il s'abattit sur Sodome et Gomorhe dans les histoires que Lelianna me racontait pour m'apprendre à lire. Et ma dernière vision fut celle d'un éclat d'une couleur azurée expédiée par une main contusionnée par le froid et les mauvais traitement, facilement reconnaissable par son teint basané.

A mon reveil, j'étais encadré par des hommes vêtus d'un uniforme aussi noir que la nuit. En face de moi, deux personnes vêtues de blancs m'observaient sous tous les angles, me forçaient à me déplacer, à bouger, à parler, attendant visiblement avec impatience un quelconque signe de ma part, quelque chose qui sortirait de l'ordinaire.
Mon appréhension ne m'avait pas quitté alors qu'en retrait, deux hommes discutaient d'une voix juste assez forte pour que je puisse les entendre

« Qu'en pensez vous ?

« Si il vient vraiment de réaliser ce dont vous venez de me parler, il pourrait être très utile pour notre gouvernement. Gardez donc un œil sur lui … »

Le second homme lui fit un clin d’œil avant de lui serrer la main et de sortir d'un air empressé, comme si une affaire plus urgent l'attendait ailleurs. Le restant se tourna vers moi et m'analysa d'un rapide coup d'oeil avant de convoquer les gorilles d'un simple claquement de doigts.

« Conduisez notre sujet dans sa … nouvelle maison. »

Les deux gardiens me soulèvent, me traînent tandis que je me débats en hurlant que l'on me laisse repartir. Mais rien n'y fait, leur poigne est ferme, trop pour un Scott encore adolescent, et avant que je ne puisse trouver un moyen de me défendre, me voici enfermé dans une pièce grise et sombre, dénuée de fenêtres, aux murs gris et ternes.

Sans que je ne puisse me retenir, je partis me nicher dans l'un des coins de ma cellule, mon visages dans mes mains tandis que je pleurais la perte d'une liberté qui me tenait tant à cœur.

Et alors que les bruits de pas résonnèrent de nouveau et que ma cellule s'ouvrir sur un geôlier au sourire macabre, mon cœur s’accéléra sous l'effet de la panique et de l’adrénaline.

Le cauchemar commençait.
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Scott Nihil
Mikaël
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Jeu 10 Sep - 15:22
Partie II : Le Gris



Blotti comme je le peux dans un angle du cachot, j'attends mon heure, espérant de toutes mes forces que personne ne viendra me chercher aujourd'hui. La lumière grisâtre s'infiltre partout, même dans ma peau. J'ai pensé à me tuer, mais je n'ai plus assez de force pour m'exploser le crane contre un mur ou pour me couper la langue avec les dents. Parfois un servant m'apporte de l'eau.

Je n'ai rien mangé depuis deux semaines.

Grincement de porte barrée de fer. Gonds rouillé. Ciel anthracite et froid glacial.

C'est ce que mon monde est devenu. Le trépas est partout comme une gangrène rongeant les couleurs et les formes, changeant chaque son en plainte ou en supplication. Les odeurs se sont presque toutes effacées. Ne reste que l'âcreté du sang et de l'humidité. Le pire est a venir.
Mon œil gonflé, les lésions qui recouvrent mon corps, mes muscles contractés sans cesse pour résister au gèle et aux tortures... J'ai mal et ce n'est rien à côté de ce qui m’attend.
Il a tenu à me prouver que ma vie ne valait rien, qu’elle n’avait jamais rien valu. Il aurait pu en finir avec moi tout de suite, mais il a préféré me montrer, à moi et à, tous qu'ils avaient eu tort d'espérer un jour, qu'ils mourraient ici, pour rien, que je ne me sauverai pas. Qu'aucun d'entre nous ne se sauverait. Il lui fallait détruire les âmes.
Un homme entre dans ma cellule et se dirige vers moi. Je ne réagis même pas, mon corps anesthésié, épuisé de leur foutu jeu malsain. Je ne me débats pas, toutes mes forces sont concentrées dans la haine. Chaque jour le même spectacle s’offrait à moi et pourtant, on ne s'y habitue pas. L'horreur reste toujours la même. Et cette pointe d'espoir qui fait plus mal que tout le reste, cette envie de crier, pas aujourd'hui, s'il vous plaît. Stop.
Ma vie était dure certes. Mais cette immobilité, cette défaite qui n'en finit jamais... Je n'en peux plus.

Le démon à faciès humain me traîne, je trébuche sur les escaliers de marbre, m'écorche les genoux, sent le contact froid des marches contre ma joue.

- Debout !

Il suffirait peut-être que je reste là, sans bouger ? Peut-être qu'Il perdrait enfin patience, qu'il me tuerait. Rapidement. Que le saccage cesserait.

Un coup de pied dans mes côtes. Puis un deuxième. Je sens l’acidité de la bile emplir ma bouche. Un sifflement strident. Deux autres gardiens qui me soulèvent, me traînent. Ma cage thoracique racle contre les marches, mes poumons vont exploser sous la douleur et la pression. Ils ne me laisseront pas y échapper si facilement. Ils me garderont en vie, juste ce qu'il faut pour que je ne puisse pas m'y soustraire. Un jour, un maton m'avait tellement cogné que je ne pouvais pas garder les yeux ouverts. Ils m'ont réveillé plusieurs fois, pour que je ne perde rien de leur macabre spectacle. Je relève les genoux pour me remettre sur mes pieds.

J'avance dans le corridor. Je connais le nombre de pas nécessaire pour le traverser par cœur. Je sens la douleur qui commence à monter en moi, un vicieux poison qui ronge mon organisme. J'ai déjà envie de hurler. Pas cette fois. Pas de nouveau. Laissez-moi …

Tuez moi.

Dans la cellule où ils viennent de m'installer, j’aperçois le Directeur Général. Il mange. Serein. Rien que la vue de la nourriture me retourne l'estomac. La nausée envahi mon corps. Les geôliers m'attachent sur une chaise en bois, toujours la même. J'y ai laissé des traces de griffures et de sang. Je suis placé au bout de la tablée, juste en face de mon bourreau. Tête à tête lointain. Comme pour un duel. Mais cela, il ne me l'accordera jamais. Il faut que je sois humilié jusqu'au bout.

Il s'essuie la bouche avec dignité, alors que sa compagnie quitte la pièce. J'ai peur, bordel. Je voudrais réussir à reprendre le contrôle, à ne plus me laisser atteindre. Mais l'épouvante vainc. Je me mords les joues pour ne pas gémir et gueuler de manière hystérique. Je ne sais déjà plus comment on respire. Cette scène je l'ai déjà trop vécue. Trop souvent.

- Ah! Scott, sourit-il comme si ma présence était fortuite, une heureuse surprise.
Je suis très content de te voir. Sais-tu qui sera notre invité cet après-midi ? ♥


Il se délecte. Je me liquéfie. Il fait mine de regarder ses notes puis redresse la tête en inspirant profondément. Une bonne bouffée d'air vicié.

- Ça sera la surprise ! On aime ça les surprises quand on est jeune n'est-ce pas Scott ?

Il faut qu'il arrête de dire ce nom, c'est insoutenable. J'ai l'impression d'être violé à chaque fois qu’il râpe ces syllabes. Sc-ott. Mon « propre prénom » est devenu un supplice à mes oreilles.
Les montres reviennent, j'entends leurs pas. Mes lèvres tremblent. Ils surgissent.
Je ne les regarde pas. Mes yeux s'ancrent dans ceux de la condamnée qu'ils encadrent. Je le happe et mon cœur s'écroule.

-Eh bien eh bien, tu la connais, n'est ce pas ?

Je ne trésaille même pas. Mes sourcils sont froncés. Je ne sais pas s'il sait ce qui m'attend. Les geôliers la conduisent au centre de la pièce, à égale distance entre le Directeur et moi. Je serre les poings.
Et puis il sourit. De son sale sourire figé, paralysé sur son visage pourtant amical et jovial au premier abord, qui suinte de machiavélisme à présent, comme si ce n’était qu’un simple amusement. C’est ainsi qu’il le voyait, un simple loisir. Je le sais car il le fait à chaque fois. Mais je ne lâche pas la femme des yeux. Je ne peux pas le faire.

Pourquoi … ne bouge t-elle pas ?
Pourquoi ne se débat elle pas ?

Hey …

Je murmure son prénom. Plusieurs fois. Je tire sur mes liens, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Je ne peux pas rester ainsi, je ne peux pas, je ne peux pas …

Je sens le monde s'effriter autour de moi.

Le corps glisse contre les dalles du carrelage jusqu'à cogner mes pieds. Ses yeux sont deux lacs morts. Je verse une larme, comme un enfant, je me mords l'intérieur des joues. Mes yeux se vident progressivement de toute substance, de toute vie, à son image. L'homme s'est rassis et a repris son dîner. Il a à peine daigné lever les yeux de son plat. Je ne me contente plus de murmures, je crie, je hurle à plein poumons. Les geôliers viennent pour me détacher, laissant le corps désarticulé au sol, sans même lui prêter attention. L'un d'eux écrase sa main par mégarde. J'entends les os se briser dans un craquement sinistre et un haut le cœur me traverse. Je n'ai plus rien à vomir, Je … Un flash.

Une lumière bleutée, des cris, du rouge dans toute la pièce, sur tous les murs.
Un grognement plus fort que les autres.

« LE TEST EST TÉRMINÉ, RAMENEZ LE SUJET ZERO DANS SA CELLULE »

Mais je ne me laisse pas faire, je me débats de toutes mes forces, je sens des membres se briser sous l'impact des miens tandis qu'ils essayent de m'empêcher d'atteindre la jeune femme gisant au sol. Et lors qu’enfin je parvins à la prendre dans mes bras, faisant fi des corps je ne peux rien faire d'autre que de la secouer, encore. Mes larmes roulent sur mes joues, tombent sur les siennes, tandis que j'hurle son nom une dernière fois.

« ... »

Je me réveille dans ma chambre, en sueur et haletant. Je regarde autour de moi, plusieurs fois, ne reconnaissant pas immédiatement les lieux. Il me faut plusieurs minutes pour reprendre mon calme et reconnaître ma chambre de service, à la congrégation. Je me relève doucement et m’assoit sur le bord de mon lit, mes coudes sur mes genoux et ma tête entre mes mains. Pourquoi ? Pourquoi ces images me revenaient maintenant ? N'avais je pas déjà expié mes fautes ? N'avais je pas tout fait pour que, de là ou elle est à présent, elle soit fière de moi ?
Je redresse doucement la tête et observe mes mains rendues humides par les larmes.

Je me fige brusquement lorsque je me rend compte que je ne parviens pas à me souvenir de ce prénom. Je vois des yeux aussi bleus qu'un lac en hiver, des lèvres douces, des cheveux d'un blond pur. Mon cœur s’accélère dans ma poitrine tandis que je ressens le besoin de me frapper, de me détruire. Ma main tremblante se dirige vers ma table de nuit et attrape un paquet d’allumettes et un cône de papier rempli de quelques feuilles tirant sur le verdâtre. Sans attendre plus longtemps, j'attrape l’extrémité de la clope entre mes lèvres et parvins à l'allumer au bout de plusieurs essais, avant de m'allonger sur le lit en fixant le plafond.

Ce n'est qu'au bout de quelques bouffées que je parvins à refermer les paupières, à oublier ce rêve dérangeant, ces passages de ma vie que j'avais décidé d'oublier. Je me sentais coupable, la culpabilité me rongeait nuit et jour, mais tant que je parvenais à occulter ces souvenirs atroces, je parviendrais à conserver ma santé mentale. Tel était la puissance du déni.

Une fois le mégot éteint, un petit sourire naît sur mes lèvres tandis qu'enfin, Morphée me prend dans ses bras et me fait oublier ce ballet funeste.

La valse des morts.
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Scott Nihil
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Jeu 10 Sep - 15:24
PARTIE III : Le rouge et le bleu



Mes paupières s'ouvrent sur un plafond aussi gris et désespéré que l'est le monde qui m'entoure.
L'esprit embué, j'essaye de me redresser, mais mon corps refuse de m'obéir, il veut désespérément rester allongé. Ankylosé … Je ne peux rien faire d'autre, pas même mouvoir mon visage.
Que m'arrive t-il ?
Il me faut de longues minutes à rester ainsi, paralysé par la terreur même pour que je réussisse enfin à redressé ce corps récalcitrant. Et le funeste spectacle que je peux admirer me pétrifie d'effroi. Rouge. Rouge sont les murs qui m'entourent, le sol sur lequel repose ce lit qui m'enferme …
Rouge est le dos de ces femmes perclus de griffures que je tiens dans chacun de mes bras. Est ce moi qui les ai causées ? Rouge sont les corps gisant sur le plancher de marbre. Est ce moi qui les ai causées ?
Rouges sont mes mains et mes ongles aiguisés.

Pantelant, je sors du lit, faisant fi des gémissements protestataires de mes amantes d'un soir, et m'avance laborieusement jusqu'à la porte. Écarlate. Ma main tremble, je n'arrive pas à saisir la poignée, le décor se brouille autour de moi.

Qu'est ce qu'il m'arrive ?

Enfin mes doigts trouvent le chemin du mécanisme, je peux sortir d'ici, je suis libre …
Libre …

Je suis dans une cellule anthracite, je ne peux ni bouger, ni parler. Boire me fait mal, et je n'ai rien à manger. Je souffre
Ma vie entière n'est que souffrance.
Puis je me rappeler d'un jour où j'ai été heureux ?

Ma tête se redresse lentement, je ne peux dire combien de temps ce mouvement m'a prit, des secondes, des minutes, des heures ? Le temps n'a pas d'importance, n'a plus d'importance, les pierres grises restent les mêmes, la douleur ne change jamais.
Mon regard dérive vers la flaque de sang qui luit sur le sol, il est tellement fluide que je peux y voir mon reflet.
Mes yeux.

Vides, Froids. Dépourvus du moindre sentiment, de la moindre étincelle de vie. Je ne ressens rien venant de lui, pas la moindre émotion, la moindre esquisse de sensation.

Je ne peux plus me délivrer, je suis déjà libre.
Je suis déjà mort.

Mon corps se relève, seul, il ne m’obéit plus, il est mu par un instinct primal, primordial, auquel rien ne peut résister.
La survie.

La porte ne fait pas long feu, réduite en cendres d'un simple mouvement de la paume de ma main. L'aura bleuâtre pulse autour de moi, comme un brouillard malsain qui se veut sycophante des événements de cette sombre nuit.

Mes menottes se brisent autour de mes poignets ensanglantés, je sens le sang des autres recouvrir mon corps rendu pâle par les années d'isolement, chaque gardien qui tente d'intercepter ma course ne fini qu'en agglomérat d’hurlements et d'os brisés.Ils s'empilent, fracassés, déchirés, un pont de corps sans vie qui me mène à mon pitoyable but, un chemin vermeil et ivoirin que je me plais à traverser.

Le moindre obstacle ne devient qu'un tas de cendres, je ne vois rien d'autre que ces deux couleurs, elles deviennent mon univers, ce microcosme dans lequel je m'enferme.
Du bleu.
Du rouge.
Une dernière porte, plus grande que les autres.
Mais qui pourtant rencontre le même destin.

Un soleil incarnat rougeoie à l'horizon, je sens une bise caresser mon visage.
C'est ça la liberté ?
Un petit sourire né sur mes lèvres, mince, mais c'est tout ce que je peux offrir au monde qui s'ouvre à moi.

D'une certaine façon, j'ai brisé mes chaînes aujourd'hui, mais je sais qu'elles seront toujours là, invisibles. Et tandis que je m'enfonçais dans le désert qui jouxtais la prison, je me fis cette promesse.

Un jour je serais libre, et ce jour là,

ce jour là …



« ... ? ... ! »

Mes paupière papillonnent, je crois perçevoir un nom connu.
Où l'ais je déjà entendu … ?
Face à moi, une demoiselle aux cheveux roses. Elle est penchée vers moi, l'air inquiète.
A ses côtés, sur l'asphalte anthracite, git le corps frémissant de plusieurs hommes ... sont ils rouges eux aussi ?

Je crois me souvenir …

Je ne peux que difficilement mettre un pied devant l'autre, tremblant, je manque plusieurs fois de tomber, l'air en devient étouffant. Une main se pose sur mon épaule.

« Monsieur … vous allez b... »

Ma main le soulève avant qu'il ne puisse finir sa phrase. Ses yeux effrayés et surpris croisent les miens, vides, déments. J'enserre sa gorge, un rictus aux lèvres, tandis que petit à petit il perd tout lien avec la réalité. La réalité … Est ce encore un rêve ? Un songe ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Est ce que mon cauchemar continuait ?
Sans doute.
Mon poing part vers son visage. De nouveau, il se recouvre de rouge.
Et je tombe dans le néant.

« SCOTT, tu vas bien ? »

Sc-o-tt, Sc...ott … Scott ?
C'est mon prénom … Pas vrai … ?
Mon regard se lève, perdu. Il croise les yeux luisants de larme de la jeune femme.
Elle a l'air si douce, si gentille … Elle s'agenouille et me prend dans ses bras, moi, le vagabond ensanglanté, recouvert de ce fluide vital qui n'est pas le mien.

« Scott … Je te promets que tout va bien se passer, je serais là pour t'aider, Logan sera là aussi … nous serons tous là pour toi, d'accord ? Alors tu iras mieux ... »

Je pousse un gémissement et retombe sur le sol en tenant mes tempes aux veines proéminentes. C'est insoutenable, invivable … Je sens mon crâne fondre, mes os se briser, mes organes pourrir de l’intérieur, comme si mon corps rejetait la vie elle même. Scott … Pourquoi ce nom sonne comme un inconnu à mes oreilles ? …

Je suis … personne … rien … le néant … Nihil.
Ce nom … C'est eux qui me l'ont donnés.
Il y avait un ... deux ... trois ... dix
Una ... Duo ... Tres ... iqus
Et moi, le sujet 0. Nihil.
Mon pseudonyme … mon fardeau … mon rappel.

Mes bras sont recouverts de brulures, de lésions, une odeur métallique empuantie l'oxygène, et pourtant ne se fait pas plisser le nez de la demoiselle, qui ne me rend qu'un regard plus doux et plus aimant encore.
Tout ira bien … tout ira mieux …

« Tu peux guérir Scott … Tous tes amis seront là pour t'aider ... »

Sa main caresse doucement mes cheveux ébènes, apaisante, comme le ferait une mère pour un enfant. Autour de nous le sol est recouvert de rouge, mais elle n'en à cure.
Ne voit elle pas le rouge, ne voit elle pas la mort?

« Tu n'es plus seul, tu ne le seras plus jamais ... reste avec nous. »


Son sourire est blanc, éblouissant.
Il repousse le sang et les ténèbres.
Un sourire naît sur mes lèvres, mes yeux semblent reprendre un peu de vie.
Avant que je ne replonge dans le néant de mes songes.
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