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[Solo] Smoke gets in your eyes

 :: — Le Monde — :: Asie :: Russie
Mar 3 Jan - 15:40
Une heure. Il avait exactement une heure. Si tout se passait bien, il ferait d'une pierre quatre coups.
Il leva la tête. Malgré la vitesse à laquelle ils étaient élancés, le ciel semblait ne pas bouger au-dessus de lui. Belle illusion que l'immensité céleste... Sur les côtés en revanche, les maisons de briques rougies par le temps et l'âge défilaient à toute vitesse.
Il faut dire que ça va très vite, un train.
Surtout quand on est sur le toit.

Vladimir remonta son foulard pour masquer sa bouche et fit craquer son cou. Il avait troqué ses tenues élégantes habituelles pour une combinaison noire assez serrée mais extensible, lui offrant une liberté de mouvement inégalée. La tenue idéale pour faire des acrobaties sur le toit d'un train en marche.
Il jeta un œil au soleil. Encore cinquante-cinq minutes.
Ce train contenait quelque chose de très important pour Vladimir. Trois des quatre dirigeants des services secrets du tsar, et le général Iritchev, fidèle soutien d'Alexandre III. L'occasion était rêvée. Quatre de ses cibles réunies dans le même convoi. L'objectif final semblait se rapprocher peu à peu.
Le plan était simple.
D'ici moins d'une heure, le train, élancé en direction de la Pologne, passerait au-dessus d'un très, très, très profond ravin. La suite était moins simple. Il fallait se hisser jusqu'au poste du conducteur, l'éliminer, et faire dérailler le train manuellement au moment où il serait sur le pont. Le timing se devait d'être parfait. Il n'aurait qu'une minute ou deux de marge de manœuvre. D'ici là il devait trouver un moyen d'accéder à la locomotive à temps. Ce ne serait pas chose aisée, car traverser de front l'ensemble du train était impossible. Il y avait une quarantaine d'hommes surentraînés et armés à bord, et bien que Vladimir fût un surhomme doublé d'un putain de loup-garou largement capable de les prendre tous par paquets de quatre, il y a des situations qui ne sont pas propices à la victoire. Et les affronter tous en même temps, seul contre quarante d'un coup, dans les wagons d'un train en marche, ça fait clairement partie de ces situations. La solution ici était donc de progresser sur le toit de ce train jusqu'à atteindre la locomotive. Là, il entrerait directement dans la cabine et tuerait le conducteur, sans avoir été remarqué par qui que ce soit. Une fois le train jeté dans le vide, tout serait une question de timing pour bondir hors de la cabine et s'accrocher à la voie. Un plan relativement rudimentaire, en somme.
Plus que cinquante minutes. Vladimir se mit à quatre pattes et commença à avancer, gardant toujours un appui avec ses pieds pour ne pas reculer ou être propulsé dans les airs.

- Nous avons un intrus, semble-t-il...

Il se retourna immédiatement. Un homme se tenait debout, sur le dernier wagon. Vladimir le détailla rapidement. Il n'avait pas l'air de faire partie des forces militaires de l'empire. Il était de taille moyenne, avait la peau légèrement basanée, des cheveux noirs tirés en arrière et coupés de façon presque militaire, avec un dessus long et des côtés beaucoup plus courts. Il portait une veste kaki à fourrure noire, et gardait ses mains dans ses poches.

- Que comptes-tu faire, Sadovski ?

- Tu...

- Bien sûr que je sais qui tu es. Tu es le type que l'empire recherche mort ou vif. T'es assez reconnaissable, tu le sais, ça ?

Vladimir se redressa pour faire face au nouvel arrivant.

- Et tu es ?


- Je m'appelle Pavel. Il semblerait que l'on ait le même but, ici, Sadovski. Faire exploser ce train, je me trompe ?

Le dénommé Pavel sortit de sa poche une petite boîte noire, qui tenait à peine dans sa main.

- Une petite charge comme ça suffira à faire sauter trois wagons en même temps, ainsi que le pont, histoire de s'assurer que les morceaux restants finiront leur chute au fond du ravin.

- Ce n'est pas tout à fait le plan que j'envisageais, en fait. Ta bombe nous tuera avec ces fumiers !

- C'est le but, à vrai dire. Je n'attends plus rien de la vie. Mais quelle meilleure façon de partir qu'en emportant avec mois le salopard qui a assassiné ma famille et privé mon existence de tout son sens ?

- Non mais putain mais c'est pas du tout ce que j'ai prévu ! Casse-toi de là avec ton opération-suicide ! J'ai encore des trucs à faire après ça, alors si tu veux te faire sauter, libre à toi, mais pas sur ce train !

- Tu ne m'en empêcheras pas, Sadovski. Saute de ce train, car je le ferai exploser, que tu interviennes ou non. Ils vont tous y passer avec moi, tu peux partir tranquille, je m'occupe d'eux.

Vladimir se massa les tempes. Pavel n'avait pas tort. Au fond, il n'y avait qu'à partir d'ici et le laisser se faire exploser, le résultat serait le même, et en plus lui ne risquerait pas sa peau dans l'histoire. Tout bénef', en somme. Mais il y avait quelque chose qui le chiffonnait.

- Ce serait top, si ce n'était pas MA vengeance, là ! Range ta bombe de merde, car c'est moi qui vais descendre ces enfoirés.

- Putain mais c'est hors de question ! Laisse-moi accomplir cette dernière volonté !

- Mais j'en ai rien à foutre de ta volonté ! Ils sont à moi !

Pavel grogna pour toute réponse, rangea la bombe dans sa poche, et descendit par l'échelle, avant de forcer la porte arrière du train.
Le Sadovski pesta, et fonça à sa poursuite. Il n'allait pas laisser ce salopard lui voler son plan !
Le loup descendit l'échelle et entra dans le dernier wagon, aux trousses de ce cinglé. La pièce était silencieuse. Vraisemblablement la réserve d'armes et de charbon du train. Pavel se dirigeait vers la porte menant au wagon suivant, enjambant les cadavres. Quatre hommes étaient ici pour garder le wagon, mais visiblement, Pavel les avait éliminés le temps que Vladimir arrive. La porte s'ouvrit, et le fou aux explosifs passa dans le wagon suivant, poursuivi par un Sadovski qui soupirait, exaspéré. Pourquoi ce mec venait foutre les pieds dans son plan pourtant si bien huilé ?
Ils arrivèrent dans une pièce lumineuse, tous rideaux ouverts, et surtout gardée par huit soldats. Super. Vladimir voulait de l'infiltration, et ce trou de balle fonçait dans le tas. Visiblement il n'y avait plus le choix. On oubliait le plan, pour partir sur de la bonne baston. Ca lui avait manqué, au fond.
Il passa en forme lycanthrope, et bondit au cou du premier, le tuant sur le coup. Pavel abattit deux autres soldats en un éclair, avec ses deux bracelets qui semblaient être deux pistolets automatiques miniatures autour de ses poignets. Alors qu'un autre lui sautait dessus, il se retourna immédiatement, un couteau à la main sorti d'on ne sait où, et accueillit son opposant en lui plongeant la lame dans la clavicule. Plus que trois.
Une balle atteignit Pavel à l'épaule, et Vladimir bondit pour éliminer le tireur d'un coup de griffe. Il se redressa et en projeta un autre à travers la vitre. Le dernier eut le temps de quitter le wagon pour aller dans le suivant. Il allait alarmer le reste du convoi. Putain de merde. Bon, maintenant il n'y avait plus qu'à allait trancher dans le tas. Moins spectaculaire que de précipiter le train dans le ravin, mais bon, maintenant qu'on y est, autant finir. Et puis Vladimir avait envie de se déchaîner un peu, maintenant qu'il avait goûté au sang. Il allait ouvrir la porte, quand il se retourna vers son "partenaire" blessé. Etait-ce la compassion qui le poussa à retourner le voir, ou la peur qu'il fasse péter sa bombe dans son dos, Vladimir ne saurait pas le dire.

- Oh, machin, ça va ?

- C'est rien, j'ai connu pire. Ca ne m'empêchera pas de faire exploser mon matos.

- Putain, mais alors toi t'es vraiment un con ! J'ai une autre alternative pour toi. Maintenant qu'ils sont au courant de notre présence, je te propose qu'on les zigouille à l'ancienne. On traverse le train et on les tue tous. Tu as l'air pas trop mauvais en combat, alors à deux on devrait s'en sortir. Gérer la trentaine de soldats qui reste semble un peu chaud pour un mec tout seul, mais là je pense qu'ils ne feront pas le poids.

- Pourquoi je t'écouterais ? Tu ne peux pas comprendre...

- Ecoute, mon vieux. Tout à l'heure tu as parlé d'un d'entre eux que tu voulais à tout prix zigouiller, c'est lequel ?

- Iritchev. Il a assassiné toute ma famille pour son bon plaisir. Parce que le tsar le tolérait. Personne ne nous a aidés. Ce régime est pourri jusqu'à la moëlle. Je veux tuer ce fils de pute, c'est tout ce qui m'importe. Je veux la justice.

- C'est ce que je veux aussi. Mais je ne me limiterai pas à Iritchev. Je veux la tête d'Alexandre III.

- T'es sérieux...? Mais comment tu comptes faire un truc pareil ?

- Tu le sauras si tu vis. Allez, on va les baiser, et je t'offre le soin de tuer Iritchev toi-même.

Pavel hésita, puis hocha la tête.

- Mon nom est Pavel Sapoznik. Je t'aiderai du mieux que je peux, Sadovski.

- Sapoznik... c'est Juif, ça... Mais, alors...

- Oui. Ma famille a été tuée sous les ordres du tsar et de sa nouvelle politique antisémite. Mon peuple est chassé de nos maisons, de nos villes. La Russie ne veut plus de nous. On nous fout dehors, on nous tue, la police nous traque pour nous éliminer dans les rues... Qu'avons-nous fait pour ça ?

- ... Tu le demanderas à Iritchev.

Vladimir aida Pavel à se relever, puis ils se dirigèrent vers les wagons suivants. Dix soldats les attendaient de l'autre côté de la porte. Pavel bondit et enfonça son poignard dans la gorge du premier, et Vladimir sauta par dessus son compagnon de fortune pour atterrir griffes dans la poitrine du deuxième. Les balles fusèrent, l'une d'elles frôla sa joue. Pavel ripostait en tirant à son tour, s'abritant derrière les sièges.

- Ecarte-toi, Sadovski !

L'exilé lança une boule rouge sur au milieu du wagon, puis d'une pression sur un bouton dans sa main, fit exploser la capsule qui libéra une myriade de punaises. Vladimir se coucha face contre terre juste à temps pour les éviter, tandis que cinq soldats s'effondrèrent, criblés de petits pieux de fer.

- Putain mais c'était quoi ça ?!

Pavel ricana et recommença à tirer avec ses poignets, tandis que Vladimir allongea ses griffes et fonça sur les derniers soldats, qui avaient dégaîné leurs épées. Le lycanthrope les affronta, griffes contre lames, se battant tel un danseur de ballet, gracieusement, tailladant la chair à chaque occasion, jusqu'à ce que les trois derniers soldats du wagons s'effondrent.
Une explosion retentit. Vladimir fut projeté contre un fauteuil. Il se retourna vers Pavel.

- Je te jure que ce n'est pas moi ! Ca venait de devant !

Il se rua vers la porte et l'ouvrit dans le vide. Les deux wagons de tête du train s'étaient évaporés. Vladimir se redressa difficilement. Ils avaient été doublés. Quelqu'un avait fait sauter l'avant du train à leur place. Mais, qui ? Ils n'avaient pas le temps de s'interroger davantage, le véhicule n'était plus dirigé, et déraillait lentement vers le ravin. Il fallait sortir de là, et vite !
Pavel sortit une petite pince en acier de sa poche et la tendit à Vlad.

- Tiens la poignée bien en main, et vise la corniche dès que l'on chutera, et ensuite élance-toi !

- Mais, que...

- T'occupe, l'essentiel c'est que ça marche ! Je fais de même !

Il sortit un deuxième appareil qu'il prit en main. Le train roula hors des rails et entama sa chute dans le vide. Vladimir serra les dents, et bondit par le trou béant, visant la corniche. La pince s'allongea en une longue chaîne qui s'agrippa à la roche. Très très très malin, ce petit outil... Pavel bondit à son tour, et la pince s'accrocha à la corniche.
Mais une poutre en acier se décrocha du wagon et le percuta dans sa chute. Vladimir n'eut pas le temps de voir ce qu'il se passait, la chute du véhicule dans le ravin souleva une épais nuage de fumée, qui une fois dissipé, ne laissa voir que le grappin de Pavel se balançant dans le vide, sans personne au bout.

- Sapoznik !

Le cri se prolongea dans le vide à travers l'écho, sans jamais trouver de réponse.
Vladimir se redressa et essuya la poussière sur son visage. Alors c'est comme ça que ça devait se finir... Ce Pavel avait eu la fin qu'il voulait, au final. Au moins, il était en paix là où il était maintenant, et avec sa famille... Enfin, Vladimir l'espérait pour lui.
L'opération était terminée. Iritchev et les trois agents spéciaux étaient morts explosés avec l'avant du train.

Le lycanthrope regarda le grappin de Sapoznik. Il saurait s'en servir, à l'avenir. Au moins pour honorer la mémoire de ce type, qui lui a semblé tout avoir d'un homme brave.
Il fallait maintenant savoir qui venait de leur voler leur vengeance en faisant sauter ce train à leur place.
Il reprit la route et éternua. La poussière lui chatouillait le nez et la fumée lui piquait les yeux.
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Vladimir Sadovski
The wolf among us
Vladimir Sadovski
Vladimir Sadovski
Age : 27 ans
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Vladimir Sadovski
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