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Vous êtes ce que vous mangez ! [ft.seule]

 :: — Le Monde — :: Océanie & reste du monde
Sam 23 Sep - 11:05
L'or du crépuscule coulait une lueur onctueuse dans mes ergots élimés. Les rayons articulaient un éventail mouvant dans l'interstice de mes phalanges, amputant la figuration de ses palmes irradiantes à me mesure que je dessoudais mes doigts pour mieux les joindre, jouant de cette lumière mourante dans un caillot carmin. Un théâtre sanglant percé d'une lame glacée. Une mer céleste buvait cette plaie béante, la délayait. Cette ultime agonie, une apothéose criarde, l'astre primaire l'éructait dans un dernier soubresaut. Un halo descendant succédé de ténèbres diluées d'éther, de ce draps de nuit bleuté d'encre et dont l’impalpable souillure gelait les dermes exposés aux incisives nocturnes.

Cette chape de Nyx obscurcissait ma peau, vulnérable, mise à nue, frileuse, offerte à une solitude. Un affranchissement qui ne me contraignait point. Cette liberté grisante étirait mes bras offerts à un espace immense. J'assumais seule la besogne que les langues supérieures m'avaient confié. Et si mes rixes se succédaient, leur redondance m’assommaient d'une lassitude cramponnée de recul. Des disparitions soudaines condensées dans le cloisonnement d'un village minime – un hameau. Si l'exode rural intensifiait son syndrome ces récentes années, le phénomène était difficilement justifiable appliqué à autant de personnes en si peu de temps. Surtout quand les proches de ces volatilisés s’hébétaient eux mêmes du ravissement de leur semblable. Des peines se grossissant en avalanche de sanglots, fiel de colère, larmes passionnelles, des cors orchestres de corps, ces échos synthétisant des akuma.  

L'écorchoir de leur hargne indicible égratignait encore la carnation de ma chair d'un memento sinistre. Se heurter à leurs faces de Pierrots fuligineux divisait les parois de mon battant d'émotions antipodes dans chacune de mes valves, entre crainte et compassion. Nous partagions les vestiges d'une humanité et ses rouages avaient beau en être détourné, nos engrenages vibraient à l'unisson. Squelette de nos deuils, de nos fantôme, de ces sourires à revenir nous hanter.

Mes iris coulés d’émeraude s'esthétisaient dans cette contemplation aux complies d'un règne nocturne. L'air frais des puissances maritimes n'était plus corrompu par le prestige d'un Hélios incandescent. Aussi, le frôlement de cet élément intangible, primordial, arrachait sur ma peau ses canines de givre. Un délicieux frisson persistant que mon souffle draconitique ne parvenait à atténuer. Les arabesques volatiles s’évaporaient en de noueuses colonnes érigées au céleste. Des cieux chatoyant dont sortaient de leur insomnie éternelle des milliers de lampyres phosphorescents, phares innombrables auxquels s'additionnait l'embout de mon bâtonnet fumant et que je vomis dans un volontaire postillon irrévérencieux.

Il était l'heure.

Remontant la côte, je rebroussai mes pas en direction du village incriminé où m'attendait mon indic. Il était convenu que nous nous retrouverions à la nuit tombée pour deviser ensemble de ce mystère. Ou assister à sa miraculeuse prestidigitation. Les disparitions des citoyens s'étaient toujours élaborée en tapinois, lorsque les paupières s'aveuglaient de fatigue, lorsque les ouïes s'assourdissaient de rêves brouillant. Songes qui s'assombrissaient d'angoisses, remuant leur crainte fiévreuse : la peur viscérale d'être saisi par cette entité infernale que nu verrou, nul cloison ne semblait endiguer.

Certaines lippes ourlées en de larges plaies informes, crachats de déni et de cris réprimés, affirmaient qu'il s'agissait de la Mort même, responsable de ces sinistres enlèvement. Les ragots grossissaient leur folie dans le roulement graduel d'une orbe de neige. Une croissance perte des réalités et du raisonnable.

Les habitants lasses de ces pertes et de plus en plus inquiets de leur sort avaient conclu en l'attente de leur bourreau salvateur, une immonde injustice analogue à l'inique de cette inquisition révolue.

Chaque soir, un innocent glorieux gagnant d'une loterie macabre se faisait garrotter sur une estrade, livré à la Chose. Un sacrifice arbitraire pour la survie commune, puisque rien ni aucun de ses restes n'étaient retrouvé à l'aube.

Belle démonstration d'humanité ?

Dissimulée dans la pénombre, je perpétuai mon ascension. Agitée intestinement par cette pensée remuante : existait-il des personnes qui méritaient vraiment d'être sauvées ?
Vous êtes ce que vous mangez !
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Diane Lamorlière
I'll cut you down!
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Diane Lamorlière
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